L’enfant sauvage

Être un enfant sauvage est-ce « naturel » ?
Comment se construit et se développe un être humain ? 

– Approche anthropologique –

Les questionnements suscités par  le mythe de l’enfant sauvage  et  l’aspiration à une humanité « naturelle » comme le  titre d’un livre actuel très en vogue en témoigne (les lois naturelles de l’enfant)… laisse à penser que la culture est ce qui dénature un enfant… Qu’il existe pour l’homme des lois naturelles. Quelles seraient-elles ? 

Or si on réfléchit bien, on constate cependant que – unique,  parmi toutes  les espèces animales de la planète, l’enfant d’ humain est le seul qui ne se développe pas « humain » s’il n’est pas élevé par  d’autres être humains. Un chat devient chat même s’il est élevé par un chien.  Pas un être humain… 

Le film L’enfant sauvage de Truffaut  en témoigne et cet extrait d’article le corrobore :  l’homme se développe et existe au milieu d’échanges. Et ne se constitue humain qu’en lien avec d’autres humains. 

Extrait de la Fiche du film, par le Cinéma Le France «  Le cinéma  a popularisé  deux « enfants sauvages » : Victor de l’Aveyron avec L’Enfant Sauvage de François Truffaut, et Gaspard Hauser de Nuremberg avec L’Enigme de Gaspard Hauser de Werner Herzog. Lucien Maison (1) a dénombré 53 cas d’enfants-ours, d’enfants- loups, de filles-truies, etc … entre 1344 et 1961. Leurs traits communs sont la marche à quatre pattes, une surdité́ tenace, une adaptation différente des sens caractérisée généralement par un odorat très développé́, une ouïe très sélective et un toucher indifférent aux variations thermiques. Les enfants que l’on dit “sauvages” et qui sont des hommes d’un niveau de développement parfois inférieur à l’animal, posent de nombreuses énigmes sur notre évolution, l’instinct, l’apprentissage, l’hérédité.

Les enfants sauvages, existant hors de toute civilisation, nous rapprochent des premiers temps de l’humanité. Ils témoignent de la faculté d’adaptation de l’homme à l’hostilité naturelle du milieu, mais démontrent aussi le rôle majeur joué par le milieu, et en particulier par les rapports affectifs dans le développement. L’homme naît avec des aptitudes inscrites en lui, mais elles n’existent, ne se réalisent qu’en fonction du milieu. Toutes les potentialités et probabilités de l’homme ne sont rien, sans les autres. Et les progrès de l’homme viennent de ses incapacités. L’individu, sans révélateur, est démuni, devient dérisoire et sombre dans le néant. » Jacques Renoux

Si être et devenir humain n’est pas naturel il n’en reste pas moins qu’un être humain déconnecté de la nature et surtout de ses lois est lui aussi menacé de déshumanisation.

et l’article L’enfant sauvage publié sur un blog actuel, déploient ces questions…

 

– Le sauvage chez l’enfant, brève analyse –

Lien du blog

Au-delà des idéologies surgit le questionnement : comment face à ce déséquilibre terrible dans lequel notre vie contemporaine est engagée, ouvrir des plages de vie où l’enfant puisse se sentir relié à  la nature (le cosmos), et aux autres ?

L’article est un manifeste en faveur de : 

  • La vie « sauvage » à offrir à l’enfant, i.e.  dans et proche de la nature, 
  • La place et le  respect à accorder à l’enfant 
  • Et comme une dénonciation de la scolarisation faite pour adapter les individus au système industriel. 

Extrait de l’article : 

« Aujourd’hui nous vivons dans une société entièrement détraquée, en partie parce que nous nous sommes trop éloignés de la nature de notre espèce et des structures sociales qui ont évolué pour à la fois la nourrir et lui poser des garde-fous. Les sociétés humaines sont bien sûr bien plus variées que les sociétés animales. La variété de couleurs, de sons, de récits qui se trouvent dans les milliers de cultures de par le monde est époustouflante. Mais sous toutes ces différences existent des points communs profonds visibles chez tous les peuples du globe et dans l’histoire humaine jusqu’à la dislocation complète de l’ère moderne.

Dans les sociétés autochtones du monde entier, on voit des bébés et des jeunes enfants gardés à proximité par les parents et les grands-parents, les oncles et les tantes, la fratrie et les cousins. On voit des enfants intégrés de manière intime avec le monde naturel, libres de se déplacer et d’utiliser leur corps à l’extérieur. On voit des enfants intégrés dans leur communauté et libres d’observer et de participer aux travaux, aux loisirs et aux célébrations des adultes. On voit les structures sociales complexes et multigénérationnelles des familles et des clans qui prennent soin de l’enfant, enseignent le respect et maîtrisent les comportements asociaux bien plus efficacement et avec beaucoup moins de conflit que les institutions sur lesquelles nous nous appuyons aujourd’hui. On voit des peuples connectés au territoire, avec une profondeur, une richesse et un sens de la relation éthique et réciproque inimaginable pour des citadins modernes.

On ne voit pas d’enfant enfermés à l’intérieur pendant 12 années de leur enfance, on ne voit pas les enfants triés en classes du même âge remis aux soins d’étrangers, on ne voit pas de compétition perpétuelle où les enfants sont évalués et classés les uns par rapport aux autres et où le fait « d’aider son voisin“ équivaut à tricher. On ne voit pas les parents ayant à choisir entre élever leurs enfants seuls sans soutien et payer des étrangers pour le faire pour eux. On ne voit pas de jeunes gens s’affamer, se mutiler ou se suicider.

Aucune société humaine n’est une utopie ; aucune société humaine n’élimine jamais la souffrance, le conflit et le chagrin. Mais les pathologies graves et pandémiques qui se sont développées dans nos institutions modernes — le harcèlement, les troubles alimentaires, la dépression, l’anxiété, l’auto-mutilation compulsive — sont aussi visibles et reconnaissables que les pathologies qui apparaissent chez les animaux des zoos »

 

Prochain article
Compte rendu et questionnement autour du livre :
Comment élever un enfant sauvage en ville