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Adolescence, espace et accueil

1 novembre 2020

Adolescentes,(film documentaire de Lifshitz sorti en sept. 2020) 

est un documentaire très riche et beaucoup d’aspects mériteraient d’être relevés : le point de vue sociologique, celui de la vie actuelle des ados, leurs questionnements et modes de relations…

Je choisirai d’aborder la nature du lien parents/enfants et ses effets sur l’élaboration de la personnalité ;  que l’on pourrait presque réduire dans les 2 cas, même s’il s’agit de couples parentaux, où les pères sont partie intégrante du foyer familial, à la relation des 2 mères avec leurs 2 filles  tant celle ci est prégnante : c’est donc celle ci que nous allons aborder.

Avant d’aborder ce qui caractérise cette relation, en tout cas ce qu’on en voit à l’écran, je veux préciser qu’il n’est pas question ici de juger  ces deux mères : d’abord parce qu’on ne voit que des fragments d’interactions, ensuite parce que ce serait réducteur et stérile. Il nous importe d’appréhender le type de lien que l’on voit à l’écran et les possibles effets sur la maturation de ces adolescentes.

Contrôle, reproches, et empiétement

Emma  a une mère dont on apprend qu’elle est contrôleuse des impôts et pas seulement…tant les interactions entre elles, révèlent une mère contrôleuse. On observe  une façon d’être maternelle que la psychanalyste Winnicott a si bien décrit avec le concept ‘d’empiètement.’

Ainsi Winnicott évoque certains des besoins fondamentaux de l’enfant pour élaborer un moi singulier et fort ;  mais ceux ci sont  assez proches et aussi importants à l’adolescence  puisque c’est un moment clé de l’élaboration de l’identité.  Pour se constituer un (bébé ) individu a besoin d’éprouver un ‘sentiment continu d’exister’ : il faut donc que le parent tout en s’occupant de son enfant, le laisse respirer. Il le prend en charge  suffisamment pour qu’il se sente en sécurité mais sans pour autant empêcher ses expériences, ni interférer dans celles ci. Dans le documentaire, on voit constamment Emma dans les situations partagées avec sa mère, se défendre, se débattre, pleurer de rage, s’opposer. On peut même ressentir en tant que spectateur l’asphyxie qui oppresse Emma. Pour cette jeune fille, les interactions avec sa mère sont sources de déception et de vive contrariété : sur la défensive elle n’a plus d’autre choix que celui de se taire ou de s’exaspérer. Son territoire est agressé :  elle déploie de l’énergie pour tâcher de l’occuper autant qu’elle le peut. Cet empiètement systématique  où on ne sent jamais une sollicitude maternelle, la détourne d’elle même, et comme ce lien la fait souvent suffoquer on peut entendre qu’elle navigue entre rejet et dépendance (elle évoque le fait qu’elle appréhende de quitter sa mère quand elle va partir faire ses études, alors même qu’on la voit systématiquement se défendre des « emprises » maternelles). L’angoisse maternelle se manifeste par un désir d’omnipotence sur sa fille :  ses attentes,  ses reproches répétés et sa froideur font reculer Emma à l’intérieur d’elle même au point qu’elle dit ne pas aimer le contact, le toucher, et l’évocation de sa première « expérience »   sexuelle est dénuée d’affects de façon saisissante. On peut faire l’hypothèse qu’à force de protéger son espace, de se défendre, et de contenir son expression d’elle même, Emma a perdu une partie d’un lien sensible à elle même. Le lien à sa mère étant si contraint et si froid.

Attachement, dépression et …empiétement

L’intrusion dans l’espace de l’adolescence se décline d’une autre façon pour Anaïs. La dépression maternelle pèse de tout son poids sur cette jeune fille. Mais on la voit protester, après coup,  auprès de sa mère comme auprès de son père pour faire entendre ses propres mouvements dépressifs. La mère d’Anaïs, parce qu’absorbée voire enlisée,  par ses propres mouvements  intérieurs, ne lui offre pas réellement l’espace et l’ouverture pour l’entourer et  la guider– dans ce moment d’adolescence encore une fois rappelons le, qui est un temps crucial pour la  construction d’un Moi singulier, l’élaboration d’une identité. Anaïs trouve cependant des relais d’écoute : au moins une fois auprès de son père à qui elle exprime sa colère de ne pas avoir été entendue dans sa tristesse puisque celle de sa mère prenait tout le champ. Et dans ses interactions avec d’autres adultes puisqu’elle fait une formation avec un apprentissage en milieu professionnel et qu’elle s’appuie sur un dispositif qui lui permet d’avoir accès à une autonomie de vie en appartement. Toutefois dans le rapport fille/mère, elle est plus souvent la mère de sa mère qu’elle n’en n’est la fille : elle réussit à en faire une force. Ne renonçant finalement pas à exprimer ce qu’elle est et ce qu’elle veut : bénéficiant de l’affection que sa mère lui témoigne (ce qui est beaucoup moins évident dans le cas de la mère d’Emma), elle ne se laisse pas étouffer ni aliéner par celle ci, elle fait entendre sa voix et trouve sa voie : elle prend son envol.

On aborde par ce film, les deux rives d’un  « trop » dans les postures parentales : Trop d’attention, trop d’interférences, trop de « pilotage », trop de contrôle / Trop d’affects non maitrisés, trop de mal être parental, trop d’attachement…

Comment ne pas relier ces excès maternels aux manques de présence des pères   ?

Un père a une double fonction :

Contenir et soutenir la mère.

Permettre une « flexibilité » dans le lien à leur enfant. Autrement dit, le père ouvre et offre de l’espace à la mère comme à l’enfant. Et c’est particulièrement crucial à l’adolescence. Quand il joue son rôle, il est le trait d’union qui permet à la mère comme à la fille d’échapper au collage.

Ce document tellement bien filmé, témoigne d’une chose essentielle pour la croissance des humains comme pour celles des arbres : dans un environnement (à peu près) stable et dans la  chaleur des affects tempérés, avoir de l’espace et en disposer librement , est une condition nécessaire pour grandir harmonieusement et porter ses fruits à maturité.

Disposer d’un espace  – extérieur et intérieur – sans avoir à le défendre, c’est disposer d’un lieu d’hébergement pour sa croissance.

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